LES EPAVES

1- Le Chaouen : faible difficulté / intérêt élevé

Le 21 Février 1970, ce cargo qui transportait des oranges, battant pavillon marocain, faisait route vers Marseille. Vers 22h30, le signal de détresse fut capté par le capitaine du remorqueur Provençal 15. Vers minuit, le remorqueur arriva sur les lieux où se trouvait le cargo échoué, celui-ci flottait encore. Après plusieurs tentatives de remorquage, le lendemain à 13h30, le capitaine donna l’ordre d’abandonner le navire et 45 minutes après, le Chaouen se pencha vers bâbord et coula à pic. La proue est restée émergée de quelques mètres pendant environ une quinzaine d’années. Encore aujourd’hui, les causes du naufrage sont mystérieuses et incompréhensibles car la mer était calme et un léger mistral soufflait. Le navire heurta les roches du Boulevard-des-Dames à une vitesse d’environ 12 nœuds. Il s’encastra dans les rochers et la violence du choc provoqua une grande déchirure de la coque à tribord. Il y avait 30 hommes d’équipage à bord.

Vers 6 mètres, la proue du navire apparaît ouverte. Il est impératif de plonger avec une lampe. Au cours de la plongée, il est conseillé de se diriger vers le flanc tribord puis vers le mât du radar. A cet endroit précis, vous pourrez admirer le Chaouen dans toute sa splendeur si l’eau est extrêmement claire. L’épave est en excellent état de conservation. Il est possible de faire la plongée en une seule fois de la proue à la poupe. A 36 mètres, vous pourrez voir l’hélice tordue qui laisse présumer de l’intensité du choc ainsi que le gouvernail. Avec un peu de chance, vous pouvez rencontrer quelques congres tapis dans les cales. Les indispensables paliers pourront être faits aux abords de la coque encore intacte.

2- Le Dalton : faible difficulté / intérêt moyen 

Dans la nuit du 18 au 19 Février 1928, le Dalton, un cargo de 50,5 mètres de long sur 9,75 mètres de large en provenance de Grèce, approchait de Marseille. Il transportait du plomb. La brume était si dense que l’équipage n’aperçut pas la lueur du phare de l’île du Planier portant tout de même à 37 milles ! Soudain, le navire fut stoppé brutalement. Il heurta le récif de la Pierre à la Bague. Le naufrage fut inévitable. Sa coque se déchira et l’eau s’engouffra rapidement dans les cales. Malgré toutes les tentatives de l’équipage pour le dégager, il sombra coupé en deux en 45 minutes. Tous les membres de l’équipage furent recueillis par les gardiens du phare du Planier. Un pêcheur passant par là en prévint un autre qui rentrait au port et ce n’est que 8 heures plus tard que les secours arrivèrent. A la suite de ce naufrage, le phare de Planier fut équipé en T.S.F.

Aussi bien pour le Chaouen que pour le Dalton, la plongée est possible que si la mer est calme et le vent faible. La proue du Dalton est orientée vers l’île. Située dans les éboulis rocheux à une profondeur de 15 mètres, cette épave a beaucoup souffert. Lorsque l’on se dirige vers l’arrière du cargo, on commence à reconnaître quelque chose à partir de la partie centrale du navire. On y distingue les machines et la chaudière. La poupe est en bon état de conservation. Le bastingage a résisté et le pont subsiste par endroit. A 33 mètres, l’hélice et le gouvernail sont les pièces de choix de l’épave. Sur cette épave, on rencontre beaucoup de sardines, de sars et de castagnioles. Quelques petits mérous se trouvent parfois dans la cale arrière.

 

3- Le Liban : difficulté moyenne / intérêt élevé 

Le Liban est un paquebot qui a été construit en 1882 en Ecosse. Ce naufrage est considéré comme étant la plus grande tragédie ayant eu lieu dans les eaux marseillaises. Le dimanche 7 Juin 1903 vers midi, le Liban quitte le port de la Joliette à destination de la Corse. A son bord, 220 passagers dont 41 membres d’équipage. Au même moment, l’Insulaire, paquebot appartenant à la même compagnie que le Liban, se dirige vers la cité phocéenne. Les deux bateaux avaient l’intention de se croiser normalement, et ordre a été donné par les deux commandants de virer à droite afin de se croiser. Ayant peur de heurter les rochers de l’île Maïre, le commandant de l’Insulaire ordonna « à gauche toute », mais dans son esprit, il ne s’agissait que de reprendre son cap initial. La manœuvre fut fatale, l’Insulaire heurta violemment le flanc bâbord du Liban vers 12h30.

Il est conseillé de débuter la plongée par la poupe située à 36 mètres. Elle est en bon état mais elle est coupée de la partie centrale du navire. Vous pouvez encore voir l’hélice de bronze à moitié enfouie dans le sable. En remontant vers la proue, vous tomberez sur l’énorme chaudière qui a conservé les traces de l’explosion. Le reste du navire se dégrade avec le temps. Vous pourrez y voir des mérous, des murènes, des langoustes, des loups, des Saint-Pierre, des sars tambours, des congres cachés dans le magma des tôles tordues. Au niveau de la flore, de grandes gorgones rouges recouvrent la partie la plus profonde du paquebot. Il est préférable de se munir d’une bonne torche. Ensuite, il suffit de remonter légèrement sur votre gauche lorsque vous avez dépassé la proue pour entamer vos paliers de décompression vers l’arche des Farillons.

4- La Drôme : difficulté élevée / intérêt élevé

Lancé le 10 mars 1887 à Saint-Nazaire, la Drôme rejoint Brest pour achever son armement et faire des essais à la mer. Long de 69 mètres pour 10 mètres large, il déplace 2 172 tonneaux. Il navigue à 11 nœuds grâce à sa machine alternative de 1 100 CV et une hélice en bronze quadripale aujourd’hui disparue. Le 23 janvier 1918, il arrive tranquillement en vue de Marseille, chargé de fûts de pétrole. A 5h48, alors qu’il vient de s’engager dans le chenal de sécurité, une énorme déflagration retentit sur bâbord. La Drôme vient de sauter sur une mine. Elle s’embrase et coule en moins de 30 secondes.

La visibilité y est très variable. L’épave est coupée en deux parties distantes d’une dizaine de mètres et repose à 45 mètres droit sur sa quille. Du fond vaseux, elle s’élève de 7 mètres, plutôt bien conservée malgré ses 113 ans. Commencez plutôt par la cale avant, en l’évitant car elle ne présente que peu d’intérêt. Palmez vers la proue, passez sur le treuil et rejoignez le superbe canon de l’avant, qui pointe sur tribord. Descendez le long de la proue, prenez un peu de recul et savourez tranquillement le spectacle. Longez le flanc exposé aux rayons du soleil et écartez-vous de l’épave d’une dizaine de mètres. Vous traverserez une nuée d’anthias que vous n’aviez pas vus à la descente.

5- Le Messerschmitt : difficulté élevée / intérêt moyen

Le 07 mars 1944, Hans Fahrenberger capitaine dans la Luftwaffe, décolle aux commandes de son Messerschmitt pour intercepter des bombardiers américains B-17 se dirigeant vers Marseille. Avec son équipier, il repère les avions ennemis et les attaque. Leur technique : se placer dos au soleil afin que les Américains ne les aperçoivent qu’au dernier moment. Plongeant en piqué, Fahrenberger ouvre le feu mais rate sa cible. Alors qu’il se replace pour un deuxième passage, le moteur du Messerschmitt s’arrête soudain en lâchant de la fumée. Heureusement pour lui, les chasseurs d’escortes américains ne le poursuivent pas. Il est suffisamment haut pour planer quelques minutes. Hans Fahrenberger dirige son appareil vers l’île du Planier. Il réussit à amerrir, par une mer formée, à quelques dizaines de mètres de l’îlot. Le chasseur coule en quelques secondes. Fahrenberger ne doit son salut qu’au parachute qui lui fit office de bouée.

Le Messerschmitt est posé à l’envers sur un fond de sable par 45 mètres. L’épave est très délabrée. Il reste une pale de l’hélice sur les trois qu’elle comptait, qui commence à s’ensabler. On peut néanmoins encore voir le canon de 30 mm qui se trouve dans le moyeu de l’hélice. Les deux ailes sont toujours fixées à la carlingue et en assez bon état. Par contre l’empennage et la queue de l’appareil sont pliés, pratiquement séparés du reste du fuselage. Le cockpit n’est absolument pas accessible. On peut encore voir le train d’atterrissage, il reste un pneu sur le train droit.  Pour le retour, il faut prendre plein Sud jusqu’au tombant, puis la remontée pourra se faire de deux côtés : soit roche main droite pour atteindre l’épave du Dalton, soit roche main gauche pour atteindre l’épave du Chaouen. Il y a beaucoup d’anthias, et quelques rascasses rouges et chapons. La flore, sans être spectaculaire, a donné une magnifique couleur rouge-or au Messerschmitt.